Structure coordinatrice
ALHAMBRA CINEMARSEILLE
ALHAMBRA CINEMARSEILLE
NATHALIE DÉMARETZ
Artiste vidéaste
Accompagnées par une vidéaste professionnelle, 13 personnes se sont rencontrées afin de concocter une sélection de courts métrages!
Projet mené dans le cadre de Passeurs d’images, avec le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles, du Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur et de l’Institut de l’image.
Cet atelier a été mené avec exigence et générosité par l’artiste vidéaste Nathalie Démaretz. Ces films, qu’ils soient de fiction, d’animation ou expérimentaux, français ou étrangers, racontent de multiples façons des points de vue originaux, sensibles, drôles, tragiques… sur l’amour. Il y est question de relations amoureuses bien sûr, mais plus largement de tout ce qui peut susciter ce sentiment : la famille, l’amitié, l’animal, l’argent…
Quelques-uns des films vus
Deep end Dance de Conor Horgan – Irlande – 6′ – 2010
Walking on the wild side d’Abel et Gordon – Belgique – 12’49 – 2000
J’aime les filles de Diane Obomsawin – Québec – 7’49 – 2016
Fuck l’amour de François Zabaleta – France – 5’40 – 2015
«J’écrivais à l’automne dans ma note d’intention concernant cet atelier : …. « Et je me réjouis de travailler avec un groupe « libre » sur ce thème universel et complexe qu’est l’amour ! D’autant plus complexe qu’il est le lieu des clichés. Il y a donc dans cet atelier invitation à s’aventurer au-delà des stéréotypes et matière à faire un beau voyage labyrinthique propice à une réflexion profonde, personnelle, artistique, sociétale… et même philosophique. »
Quelque mois plus tard, juste avant notre dernière séance d’atelier, je prends la mesure que cette « invitation à s’aventurer au-delà de… », chaque participante, chaque participant, s’en est aussitôt saisi et que ce voyage ensemble nous emmène surtout au-delà des « a priori ».
Public « libre » dans le jargon culturel institutionnel signifie « non captif ». Captif est le public qui vient dans le cadre d’une structure : école, centre social, hôpital, etc. (Il y aurait beaucoup à dire sur le choix de ce mot). Ce qui révèle donc que les participant(e)s à cet atelier ont fait la démarche personnelle de venir, s’y sont engagé(e)s seul(e)s, certes après sollicitation du cinéma mais quand même ! Venir le samedi après-midi, planter tout le monde là, les enfants, la famille, les amis et même le smartphone pour venir faire cette expérience de cinéma, ce n’est pas une mince affaire. À moins que ce ne soit une possible évasion.
Puis l’expérience a lieu. Et libre prend alors un sens plus large et plus profond. Il s’agit désormais de la parole, de la liberté de parole. Et du même coup de penser. Étonnamment vite, la pensée s’ouvre et s’active, le sens critique s’aiguise, la parole se libère, individuellement et collectivement, sans censure ni autocensure. Le regard est posé sur la qualité du film. Sa qualité cinématographique, son originalité, son esthétique, sa profondeur, la cohérence de son parti pris, la singularité du point de vue… C’est ce qui prime. Et tout ce qui relève de la morale devient immédiatement hors sujet. Pourtant sur ce sujet de l’amour et des formes d’expression hors normes qu’il peut prendre la morale dominante a toujours montré les dents. Alors pourquoi devient-elle hors sujet ? Pourquoi n’est-elle plus un filtre obscur entre le sujet et ses pensées, là, dans ce lieu de l’expérience artistique ?
La seule explication, à mes yeux, est que les expériences artistiques, parce qu’elles nous bousculent, permettent de réfléchir, de chercher ensemble, d’oser dire, de dépasser les opinions toutes faites, les clichés, les frilosités, les peurs archaïques, les « a priori ». Ce n’est pas un scoop, mais c’est chaque fois frappant.
L’expérience artistique nous révèle à nous-mêmes, nous révèle aux autres et modifie notre rapport au monde. Très vite elle devient jubilatoire et émancipatrice. C’est exactement ce qui se passe dans cet atelier.»