Structure coordinatrice
LA COMPAGNIE DES EMBRUNS
LA COMPAGNIE DES EMBRUNS
NATACHA CYRULNIK
Réalisatrice
Dans la logique d’un travail amorcé il y a douze ans déjà, Natacha Cyrulnik, munie de sa caméra, arpente les rues de la Cité et y rencontre ses habitants qui ont clairement identifié son travail audiovisuel de sensibilisation à l’image.
« Depuis 2001 j’arpente les rues de la Cité Berthe de La Seyne-sur-mer avec ma caméra. Le but du jeu consiste à faire en sorte que les jeunes de cette cité s’emparent de cet objet, à leur tour, pour se raconter autrement.
Ils portent un regard les uns sur les autres et sur leur environnement. Ils commencent en général par imiter les images qu’ils ont trop souvent tendance à consommer, puis les détournent pour construire leur propre représentation.
En même temps qu’un film se construit, ils se construisent eux-mêmes. Ils définissent des repères et des valeurs à titre individuel et collectif. Ce projet artistique devient alors un moyen pour eux de s’affirmer le temps du tournage en tant que réalisateur qui filme une situation, en tant qu’acteur qui se positionne face à la caméra, puis en tant que spectateur au moment de la projection qui regarde les autres en même temps qu’il est regardé. Ce processus de transformation naît de leur engagement face et avec la caméra. En entrant en action par rapport à cette caméra, ils portent un regard critique et transforment des images consommées en un film qui structure leur propre histoire. Dans une logique de compréhension, ces jeunes composent ensemble un récit qui vient une base pour définir des repères à la fois collectifs et individuels. »
Image extraite du film » Comment le cinéma est entré dans nos vies … », 30 min, 2001
Les habitants de La Cité Berthe viennent y participer librement, dans la logique d’un travail de rue, mais tentent chaque fois de l’élaborer un peu plus. Un public est fidélisé, mais le cercle s’élargit différemment chaque année, favorisant ainsi de nouveaux échanges qui donnent lieu, à chaque fois, à des films nouveaux.
Image extraite du film « La prairie dans la Cité », 45 min, 2002
La sensibilisation à l’image dans un premier temps, va de pair avec une ouverture, une écoute et un regard porté sur l’autre d’une manière générale. L’analyse de ces images que les habitants de la Cité Berthe ont tellement tendance à consommer, s’associe à la construction d’un film, souvent dans la lignée documentaire, à partir d’un échange et d’un partage, et favorise ainsi la construction de soi également. Lors de la projection du film au final, les habitants de la Cité Berthe exposent dans le même temps leur propres projections plus ou moins avouées ouvertement.
Image extraite du film « Les personnalités du quartier », 20 min, 2001
Comme ce travail s’effectue essentiellement dans la rue pour rester dans une logique d’ouverture et de liberté, la participation est ouverte à tous. Le public va ainsi du petit frère de un an gardé par sa grande soeur qui participe à l’atelier, aux parents de ceux-ci ou aux personnes abordées lors de nos déambulations. Le noyau dur des participants ont plutôt entre 11 et 16 ans.