Structure coordinatrice
ASSOCIATION dis-FORMES
ASSOCIATION dis-FORMES
SEVERINE MATHIEU
Réalisatrice
_ Animatrice d’ateliers cinéma en psychiatrie et sur le thème de la transmission mère-fille dans les quartiers de Marseille
Séverine Mathieu s’intéresse à la transformation urbaine et amoureuse. C’est le thème de son dernier film, intitulé {Seconde Ville} un film en marche qui circule entre performance et cinéma, sur une ligne de partage entre 2 quartiers en friction.
De 2006 à 2010, dis-FORMES a guidé 2 ateliers cinéma en milieu psychiatrique avec des soignants et des patients, animée par la conviction qu’il faut « aller voir » là où le regard n’est pas convié, en particulier derrière le mur des hôpitaux psychiatriques. Deux réalisateurs documentaristes ont porté ces ateliers ; ils tentent de se donner et de donner aux patients le maximum de liberté d’expression.
Ces ateliers se sont déroulés à Marseille, à l’hôpital Edouard Toulouse (Unité temps plein Pavillon 10 et hôpital de jour Henri Collomb) et au CATTP Lou Blaïe (quartier Saint Just).
Lors de ces ateliers, les participants, trente-deux personnes entre patients et soignants, élaborent ensemble toutes les étapes de création d’un film. Ils écrivent une fiction, la jouent, la filment et participent au montage. A l’issue de ce travail, un court métrage est produit.
Ces ateliers répondent à un double objectif. D’un point de vue artistique, nous essayons de développer l’imaginaire, l’expression de soi et la projection de soi dans un personnage. D’un point de vue thérapeutique, les soignants s’accordent à dire que ces ateliers permettent la découverte de l’altérité, la valorisation de soi-même, la diminution de l’isolement et l’accès du patient à une autre identité que celle de malade ; celle d’acteur du film.
Nous travaillons avec l’équipe soignante qui fait partie intégrante du projet. Le personnel est à nos côtés pendant toutes les séances de travail ; ce qui facilite notre rapport avec les patients. Et inversement, ces ateliers, à travers la circulation de créativité qui en découle, nourrissent la relation des soignants aux patients. Par ailleurs, on note que les films issus des ateliers parce qu’ils sont vus en dehors de l’institution qui se reconnait en eux, nourrissent la mémoire et la culture identitaire de l’hôpital. De plus, la diffusion des films modifie la représentation de la maladie mentale.
Depuis le début du projet, dis-FORMES a donc participé à l’élaboration de huit films courts métrages :
– Trafic de liberté (2007)
– L’échappée (2007)
– Tatoo perdu (2008)
– Le chemin du loup (2008)
– Métamorphose (2009)
– À bas la criiiise ! (2009)
– C’est ça la vie
– Accord Perdu (2010)
Les films réalisés sont diffusés au sein de la structure psychiatrique, dans la salle de l’Astronef et également en dehors de l’hôpital, en particulier dans des festivals de cinéma:
– Journée de l’AFRET , Hôpital Edouard Toulouse, novembre 2010
– SISM (Semaine Internationale Santé Mentale), Marseille, mars 2008/09
– Festival Cinéma et psychiatrie, Lorquin, juin 2008/2009/2010
– Les Croix marines, Marseille, septembre 2008
– Les Ecrans documentaires, Arcueil, novembre 2008
– Rencontres vidéo en santé mentale , La Villette Paris, novembre 2008
Afin de clore le projet, les huit films réalisés depuis le début des ateliers ont été projetés le 28 juin 2010 à l’Astronef pour une journée spéciale.
Tournage de « Métamorphose » mai 2009
Tournage de « Accord Perdu » Juin 2009
Retour sur une journée de diffusion le 18 juin 2009
Dans la salle de l’Astronef située à l’intérieur de l’hôpital psychiatrique Edouard Toulouse, a eu lieu la restitution des ateliers de l’année.
En dehors des expositions (photos et peinture) et de l’atelier « voix et mouvement », on a pu voir, projetés sur grand écran, 2 films de 30 minutes. L’un réalisé avec les patients et soignants du CATTP Lou Blaÿe (centre d’accueil thérapeutique à temps partiel), accompagnés par Régis Sauder : « A bas la criiise ! » ; l’autre réalisé avec les patients et les soignants du Pavillon 10 (unité temps plein où sont hospitalisés des patients en phase aigüe) et l’hôpital de jour H. Collomb, accompagnés par moi-même, Séverine Mathieu: « Métamorphose ».
Cela fait 3 ans que nous travaillons avec l’hôpital mais c’est la première année que la salle, au jour de la restitution, est si pleine et réactive. Ils rient, ils applaudissent pendant le film… Et je sais que, pour la première fois aussi, la salle n’est pas emplie seulement par des gens venant de l’intérieur de l’hôpital. À les voir entrer, marcher, chercher une place, à voir leurs vêtements, je sais qu’il y des gens qui viennent de l’extérieur. Et c’est une grande joie de voir se rencontrer, par dessus les murs de l’hôpital, ceux du dedans (exclus et déchus depuis quelques siècles) et ceux du dehors (poussés par je ne sais quelle interrogation vers leurs « frères »).
Aujourd’hui Régis et moi sommes 2 transfuges qui ont oeuvré à cette rencontre improbable, poussés par le désir d’aider « les fous » à s’exprimer, par l’envie d’accompagner leur liberté d’expression, par la conviction qu’il faut entrer dans les lieux fermés et par la curiosité de s’approcher de « la folie ».
Cette victoire festive me renvoie 4 ans auparavant. Pendant un an, je suis venue à l’Astronef où devait avoir lieu l’atelier que je proposais. J’attendais les patients. En un an, j’ai vu une jeune femme, une fois. L’année suivante, j’ai enfin rencontré 2 soignants : une éducatrice et un infirmier qui avaient attrapé la balle au bond et avaient envie de cet atelier. C’est là qu’on nous avons commencé à travailler.
Depuis, 6 films courts ont été réalisés. Ni fiction ni documentaires, des objets originaux où sonne un peu de vérité.
Régis et moi n’avons pas la même façon de travailler. Inévitablement nous influençons la réalisation, à tel ou tel niveau. Il se peut que ces films aient des points communs avec ceux que nous faisons, chacun, dans notre cursus personnel. Il se peut que les patients trouvent leur liberté d’expression si nous, réalisateurs, affirmons notre place dans la création commune.
Nous ferons exception à l’usage de l’Astronef qui veut que les intervenants travaillent 2 ou 3 ans. Nous ferons une quatrième année, 2010, mais ce sera la dernière.
Ces films sont montrés dans le milieu psychiatrique et bouleversent les idées reçues sur la maladie mentale, ils tournent en festivals de cinéma et psychiatrie, et en festival de cinéma.