Descriptif
NOTES DE TRAVAIL de Dominique Comtat
(Les phrases en italique représentent des situations que j’ai moi-même vécues)
Mal entendre, ne pas ou mal comprendre. Mal entendu verbal. Mal entendu, mal vu, mal perçu, mal interprété « soyons clairs, qu’il n’y ait point de malentendu ! ».
Le malentendu provoquer une situation flottante, à la limite du malaise.
Dans le malentendu, quelque chose (geste, parole, etc.) est déplacé à la limité du mauvais goût, base du burlesque.
Le son peut-être source de malentendu (voir Tati) (difficile d’identifier un son, surtout si la source sonore n’est pas localisée), l’odeur de même.
Malentendu de situation : on ne voit qu’une partie de l’action (temps et/ou espace)
L’image peut être source de malentendu (effet d’optiques, deux dimensions de l’image).
Dialogue de sourds (Tintin, Tournesol)
– Qu’y a-t-il ?
– Rien
– Ah bon ? je croyais.
– Quoi ?
– Rien…
Malentendu à cause d’homophonie (Tati, Playtime)
– Mademoiselle, passez-moi le 242
– Hein ?
– Pas le 241, le 242
Deux personnes, mettent un plat au four. Le plat n’est pas en verre mais en plastique, il se met à fondre :
– Le plat fond
– Quoi le plafond ?
Malentendu dans la prononciation / l’écoute
Au collège, devant commenter « Toute charité bien ordonnée commence par soi-même » je dis « c’est de l’égoïsme ». Le prof est outré et me tient un discours que je ne comprends pas :
Il ne s’attendait pas à cela de ma part, un garçon si poli, utiliser des vocables si grossiers, etc. La confusion dure longtemps jusqu’au moment où nous comprenons qu’il avait entendu « c’est dégueulasse ».
Jeu du « téléphone arabe »
Problèmes de traduction prononciation
En Angleterre, je prononce (mal) sheep, on comprend shit…
Au Maroc, je me rends au hammam. Deux portes avec au-dessus de chacune d’elles une inscription en arabe. J’ouvre l’une des deux au hasard. Cris : je suis rentré dans la partie réservée aux femmes.
Sens premier / sens figuré (Harpo : à toi de couper : il prend une hache et coupe le jeu de cartes en deux)
Maladresse dans la parole, l’énonciation (Keaton : déclaration dans « Fiancées en folie »)
Dans un bistrot bruyant, je demande du feu à mes deux voisins. Ils ne me répondent pas, m’ignorent. Je pense « Qu’est-ce qu’ils sont fiers ou snobs » avant de m’apercevoir qu’ils sont sourds.
Une partie de l’action est cachée
– Croire qu’un regard nous est destiné, alors qu’il s’adresse à quelqu’un derrière nous, dans l’axe (ex chez Chaplin, Le cameraman)
Une partie d’une pancarte est cachée (N° du quai dans Le navigateur, Keaton, partie d’affiche dans Fiancées en folie, Keaton, la partie d’enseigne « bains » : « mercredi : réservé aux femmes » est cachée chez Chaplin)
Dans l’Emigrant, Chaplin veut verser discrètement de l’argent dans la poche de la jeune fille : un policier observe une partie de l’action et le prend pour un voleur (être pris, malgré soi pour un voleur = classique du burlesque : Keaton dans Sherlock, Chaplin dans Les lumières de la ville, Le cirque etc.)
Une action, hors contexte peut provoquer un malentendu : le drapeau rouge dans Les temps modernes.
Se croire plusieurs alors qu’on est devenu seul : Keaton sur la moto dans Sherlock, seul sur La Générale.
Passer pour quelqu’un d’autre, prendre quelqu’un pour quelqu’un d’autre : sosies dans Le cirque, malentendu lié aux jumeaux : C’est donc ton frère, Laurel et Hardy, homme riche dans Les lumières de la ville (importance de l’image et du son : de la vue et de l’ouïe : Chaplin ne voit pas que la jeune fille est aveugle, celle-ci est trompée par son ouïe).
Dans North by norwest de Hitchcock, tout repose sur un malentendu, au début du film : Thornton appelle le garçon au moment où celui-ci demandait Mr. Kaplan.
De nombreux malentendus chez Hitchcock : le secret ou le non-dit est source de malentendus.
Le malentendu, la méprise peut devenir tragique : Œdipe, Le malentendu de Camus, La plaisanterie de Jires.
J’ai été présenté, lors d’un débat public, comme un autre réalisateur. Je mets du temps à comprendre qu’on ne parle pas de moi, ni de mon film.
Prendre des figures de cire du musée Grévin pour des êtres vivants et vice versa.
Se faire prendre pour un vendeur dans un magasin.
Action déplacée (le sifflet dans Les lumières de la ville)
Une action est mal comprise (Keaton, pour séduire sa fiancée, est un des premiers à vouloir s’enrôler, il est refusé car il serait plus utiles comme mécanicien que comme fantassin. Premier malentendu : il croit que c’est à cause d’une tare physique ou psychologique. Il n’ose pas l’avouer à sa fiancée. Deuxième malentendu : celle-ci le prend pour un lâche.
Les gestes liés au téléphone portable : un homme appuyé à un parapet semble contempler le paysage en soutenant sa tête de sa main droite, un autre, marchant dans la rue, à l’air de souffrir des dents : il se tient le haut de la mâchoire avec sa main droite etc. etc.
Illusions d’optiques ; deux vases ou un visage ? Image cachée dans une autre, effet deux dimensions : soutenir la tour de Pise, pub pour Air France, la « casquette » au cinéma (dans Playtime de Tati, une lettre d’enseigne lumineuse, le O, fait une auréole au curé), etc.
Le requin dans Les vacances de M. Hulot, Tati.
La transparence, source de malentendus… La vitre. Le son ne traverse pas la vitre : Playtime, dans ce même film Tati nous offre un magnifique moment de cinéma muet lorsqu’il filme deux appartements à travers leurs grandes baies vitrées. Du reste, Tati explore dans Playtime, presque toutes les sortes de malentendus.
L’importance du reflet du miroir au cinéma : une scène se révèle, après coup, après recadrage, être en fait le reflet dans le miroir.
Au cinéma des acteurs « typés » pour qu’il n’y ait ni confusion, ni malentendu. Cet obscur objet du désir, Buñuel et Vertigo de Hitchcock !!!
Malentendus chez les malentendants :
– malentendus entre eux (mal signé) ? : le jeu du « téléphone arabe » peut-il fonctionner ?
Existe-t-il des « homophonies » en langue des signes ?
– Malentendus malentendants / entendants : pas d’entendu, pas d’ouïe => difficulté de lire sur les lèvres, mauvaise interprétation de nos gestes.
– Malentendus entendants /malentendants : ne pas arriver à interpréter les signes, mauvaise compréhension des gestes : « foot » ressemble au bras d’honneur, le signe de Benjamin ressemble à « je suis fou » ou « je suis têtu », en fait cela représente son doudou qu’il se frottait, enfant, constamment sur le front.