Structure coordinatrice
CINE 89
CINE 89
FRANÇOISE ALQUIER
Artiste intervenante
Elle compose des films et des sculptures à partir de matériaux qu’elle récolte sur des territoires affectifs. Si le cinéma est premier dans son parcours de plasticienne, elle est avant tout sensible à la création d’un univers ajusté, sans limite de discipline.
_ Les gestes simples, le jeu et la concentration sont la gaine de ses projets personnels et ce qu’elle essaye de déployer au sein des ateliers, à la rencontre de l’autre.
En 2020, Ciné 89 fait la part belle aux femmes et les place au coeur de sa
programmation. Comme un prolongement, un groupe de femmes est invité à
s’emparer d’une programmation lors de séances spéciales en salle, en petit
comité.
Projet réalisé dans le cadre de Passeurs d’images.
En collaboration avec la Maison de quartier du Béalet – Centre Social Aquarelle –
et la Maison de quartier de la Mariélie – Association France Plus.
Cet atelier s’adressait à des femmes inscrites en cours d’alphabétisation
dans deux maisons de quartiers de la ville.
Le cinéma est lui-même un langage fait d’images et de sons, il m’a donc
semblé intéressant d’opérer une sélection de films muets ou originaires de
pays -et donc de langues- différents.
Pour autant, même lorsqu’elles étaient en capacité de comprendre la langue
originale (libanais, tunisien) elles ont toujours souhaité que le film soit
diffusé en français.
Le choix préalable des films s’est fait en fonction du « magnétisme » de ses
héroïnes, comme une sensualité diffuse qui me semblait bienvenue dans
l’intimité de ce groupe de femmes et une manière subjective de faire
connaissance avec elles.
Chaque semaine nous nous retrouvions, regardions un film et en discutions
après la projection.
Les courts-métrages :
corpus de films d’Alice Guy, Asmahan la diva de Chloé Mazlo, Intérieur
femme de Didier Rouget, La corsetière d’Alain Cavalier, Étreintes de Justine
Vuylsteker.
Les longs-métrages :
Caramel de Nadine Labaki, Vénus beauté institut de Tonie Marshall, Volver
de Pedro Almodovar, Respiro d’Emanuele Crialese, Satin rouge de Raja
Amari.
A l’issue de ces projections, on aurait dû faire un choix mais l’atelier a pris
une autre tournure.
Parole d’intervenante
Nous n’avons pas été au bout de l’expérience de programmation car nous
n’avions pas pris la mesure de la charge émotionnelle bouleversante des
films pour ce public si peu habitué à les voir en salle. Après la diffusion de
Vénus Beauté Institut, certaines d’entre elles n’ont plus souhaité venir. Cet
incident a donné naissance à des échanges très féconds sur l’effet de
certaines propositions artistiques et plus spécialement cinématographiques
mais il a réduit le groupe ce qui a encore aggravé les inconvénients de
l’irrégularité du nombre des participantes à l’atelier.
Sans doute, la perspective de choisir un film à partager avec sa famille, ses
amis, entrait-elle en contradiction avec le caractère intime de ces
projections.
Pour autant, les multiples questions que nous nous sommes posées
ensemble, me laissent à penser que cet atelier n’a pas raté son objectif,
même si ce n’était pas celui que l’on imaginait.
Le noyau dur de 5 à 6 femmes restées jusqu’au bout a clairement manifesté
leur désir de poursuivre et enrichir cette expérience. Tout reste à
construire.