2014 — ATELIER ECRITURE ET CINEMA – ALTERNATIVE INTO THE CEF

Structure coordinatrice

ASSOCIATION LES MODI MAGES

Intervenant•e

DOMINIQUE LEGENNE
Journaliste, auteure, vidéaste, intervenante artistique employée par l’association Modi Mages, Dominique Legenne raconte depuis vingt ans des histoires de vie, des destins d’hommes et de femmes en prise avec des réalités sociales complexes. Elle a également écrit différents textes de fiction (pièce de théâtre, chansons, nouvelles…).

Passionnée par l’image, elle a pendant plus de dix ans, pratiqué le photoreportage avant de se former à la vidéo. Depuis, elle participe régulièrement à des projets audiovisuels (webdocumentaires,
reportages, documentaires, courts‐métrages).

Titulaire d’un DU de formateur en animation d’atelier d’écriture, Dominique anime des ateliers d’écriture et de vidéo auprès de différents publics et en particulier de jeunes en difficulté.
Elle travaille en particulier sur les thèmes de l’identité et du territoire et du corps en mouvement.

Descriptif

«Sortir de la violence… quel futur je me construis ?»

Voici la question posée à une quinzaines de mineurs du Centre Éducatif fermé de Brignoles à l’occasion d’un atelier d’écriture et de vidéo.

  • Dates de l’atelier : Mai 2014 à Décembre 2015
  • Durée de l’atelier : 49 heures
  • Nombre de séances : 14 séances de 3h30
  • Lieux : Centre Éducatif fermé (Brignoles)
  • Intervenant(s) artistique(s) : Dominique Legenne
  • Public : 17 mineurs délinquants placés par la PJJ au CEF de Brignoles

Ce projet a été soutenu par le dispositif Passeurs d’Images

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Paroles de l’Intervenante

«En Juin 2013, je découvre le Centre Educatif Fermé de Brignoles lors d’une série d’ateliers « slam et vidéo ». Je prends conscience de l’intérêt de permettre à ces adolescents mineurs délinquants placés au CEF, de faire entendre leur parole et de traduire en mots et en images leurs émotions. Je propose de poursuivre et d’amplifier ce travail en 2014, en explorant les notions de mémoire et d’identité avec l’action L’ALTERNATIVE.

Les ateliers d’écriture démarrent dans la salle de réunion du CEF. Le lieu est un peu vaste et trop proche de l’administration. Je repère un local inoccupé, ancien studio d’enregistrement n’ayant jamais servi sauf de lieu de stockage pour l’atelier mosaïque. Nous testons quelques prises sons avec le micro qui fonctionne toujours. L’autorisation de l’occuper pour mes ateliers écriture / image et son est accordée.

Quelques brouettes de matériaux plus tard, déplacées avec la complicité du responsable technique, un bon coup de balai et voilà le lieu opérationnel. Je trouve un ordinateur, j’obtiens une connexion internet, qui permet de télécharger un logiciel gratuit de montage. Les ateliers reprennent un lundi matin de septembre dans un cadre repéré, repérable, pour les jeunes.

Le travail en atelier d’écriture reprend autour de la mémoire et de l’identité. D’où viennent-ils ? Qu’ont-ils vécu ? Quels adultes veulent-ils devenir ? Comment sortir de la spirale de la violence et de la délinquance, dont ils savent qu’elle est sans issue ? Une alternative est-elle possible ?

Les textes produits sont enregistrés et donnent à entendre la voix : sa voix et la voix de l’autre. Ce travail sur les perceptions et les représentations est prolongé avec l’outil photo et vidéo. Le CEF met à la disposition de l’atelier un petit appareil photographique compact Olympus permettant aux jeunes de se confronter directement à leurs propres représentations, aux images d’eux-mêmes et des autres.

«Quel regard je pose sur l’autre, sur moi-même, comment accepter le regard de l’autre ? Comment me mettre en scène ? Quelle image, je souhaite donner de moi ? »

Au fil des ateliers, les jeunes accumulent des textes, des sons, des images, à partir desquels sont réalisés des petits clips vidéo en forme d’« autoportraits sonores » rassemblés dans un film de 13 minutes. Un recueil de textes et de photos de 22 pages intitulé L’Alternative – Eclats  est édité.

Bilan

La parole des jeunes s’est révélée brute, forte. Les temps de lecture à haute voix, de réécoute des textes enregistrés furent souvent des moments intenses. Pour le jeune, l’enjeu est d’assumer sa parole devant les autres, d’assumer aussi la possibilité de la faire évoluer avec le temps.
M. 17 ans après deux ateliers d’écriture, où il est resté campé dans son costume de jeune délinquant, me confie son envie d’écrire autre chose, autrement. Nous ne sommes que deux cet après-midi là, en deuxième période d’atelier. Les mots sortent, différents. Le texte est beau, le jeune est fier.

Pourtant, lors de l’atelier suivant, M. refuse d’enregistrer son texte salué par ses camarades. On se revoit une nouvelle fois, il accepte enfin mais à toute vitesse et sans y mettre la moindre intention.

Ultime tentative : enfin c’est la bonne. Le texte est dans la boite ! (et c’est le texte de l’extrait vidéo)

L’envie est désormais forte de travailler avec une vraie caméra équipée d’un micro, un pied, que les jeunes puissent manipuler et qui offrira de meilleures images vidéo que le compact Olympus limité au format 640X480 pixels. L’enjeu est de se donner les moyens de bâtir un vrai projet de création sonore et visuelle autour du CEF. Cela a été l’objectif de l’action L’Alternative II. Into the CEF.»

Vidéo