Benjamin Walter, réalisateur et cofondateur de l’association Le Cercle rouge : par le cinéma, « mettre du lien entre les villages »

En juin 2024, Benjamin Walter a présenté le projet Courts sur Tinée lors de la rencontre régionale annuelle Passeurs d'Images à Vitrolles. © DR
En juin 2024, Benjamin Walter a présenté le projet Courts sur Tinée lors de la rencontre régionale annuelle Passeurs d'Images à Vitrolles. © DR

Dans la vallée montagneuse de la Tinée, les cinéphiles doivent s’armer de patience : le premier cinéma se trouve à 60 kilomètres de là, à Nice. C’est pourquoi l’association le Cercle Rouge, basée à Nice, se déplace pour proposer aux habitants une programmation cinéma et des ateliers, avec le soutien du dispositif Passeurs d’Images : c’est le projet Les Courts sur Tinée.

Benjamin Walter, réalisateur et cofondateur de l’association, témoigne.

Le Cercle rouge est basé à Nice… Comment en êtes-vous arrivés à proposer des actions dans la allée de la Tinée, à 60 kilomètres de là ?

Le projet Les Courts sur Tinée vient d’abord d’une histoire personnelle : le président de l’association connait bien la vallée de la Tinée et y constatait un certain dépérissement de la vie culturelle. Il y a 4 ans, nous avons donc décidé de proposer quelques séances de court-métrages, organisées quasi bénévolement, dans une salle laissée par la Mairie. Puis petit à petit, l’action s’est structurée : nous nous sommes rapprochés d’une association culturelle à Clans, Le Zampi, qui est notre relai local et notre lien avec le public ; la Mairie a équipé sa salle d’un système de son et d’un projecteur ; et elle nous délivre même une subvention pour payer les droits des films.

Nous avons aussi commencé à proposer des ateliers courts, sur un après-midi (découverte du pré-cinéma, graphinéma…), puis des ateliers plus longs, sur toute l’année. Notre action, nous l’avons baptisée Les Courts sur Tinée.

Aujourd’hui, nous proposons une programmation itinérante de séances de courts-métrages suivies de débats, une programmation construite collectivement pour les deux plein-air de l’été, et des ateliers de réalisation chaque mois pour les enfants et adolescents de Clans et des villages alentours.

Quelles difficultés rencontrez-vous dans ce projet ?

Les problématiques sont d’abord financières ! Ce travail, nous le faisons bénévolement, sauf quand nous embauchons des intervenants pour les ateliers. Cela nous prend du temps, et le transport coûte de plus en plus cher – ce qui alourdit le budget.

L’autre problématique récurrente est d’avoir une personne relai sur place, une association ou une collectivité : par exemple, la personne qui prenait en charge le projet au sein de l’association partenaire sur place, le Zampi, est partie. Il nous faut recréer ce lien avec quelqu’un d’autre, car ce relai est essentiel : c’est cette personne qui communique, motive le public.

Quelles sont les solutions que vous avez trouvé sur ces thématiques ?

D’un point de vue financier, nous avons réussi à obtenir des soutiens : la Mairie de Clans nous délivre une subvention de 3 000 euros pour payer les droits des films, et côté ateliers, nous nous appuyons sur le dispositif hors temps scolaire du CNC Passeurs d’Images et l’opération nationale l’Été culturel/Rouvrir le monde. Le Département des Alpes-Maritimes nous aide aussi. Je pense que c’est l’un des avantages d’être une association connue, solide, avec quelques salariés : nous pouvons solliciter des financements et porter des projets qu’une association locale, plus petite et sans salariés, aurait des difficultés à mener sur le long terme. Néanmoins, pour le moment, nos interventions restent bénévoles.

Sur la personne ressource, c’est une vraie problématique, et c’est un lien que nous devons sans cesse reconstruire.

« Je pense que c’est l’un des avantages à être une association connue, solide, avec quelques salariés : nous pouvons solliciter des financements et porter des projets qu’une petite association locale aurait des difficultés à mener »

Malgré les difficultés, cela fait quatre ans que vous intervenez dans la vallée de la Tinée. Quelles réussites ?

La grande réussite, c’est d’abord la fréquentation ! Le public vient aux séances, et ce bien que nous proposions la diffusion de courts métrages – un format parfois un peu boudé. Côté ateliers, c’est pareil : non seulement les adolescents viennent, mais ils ont aussi une régularité et certains viennent plusieurs années d’affilée. Et quand nous changeons de village, certains font même la route pour venir… C’est d’autant plus positif que l’un de nos buts est justement celui-ci : créer du lien entre les villages !

Avez-vous des projets de développement pour les Courts sur Tinée ?

D’abord, continuer ! Tant que nous avons du public, les séances resteront. Les ateliers longs vont continuer aussi, et nous allons reprendre les ateliers petit format que nous avions mis en pause. Mais nous avons aussi l’envie de nous développer : nous étendre dans la vallée, réussir à rémunérer la personne qui monte la séance… Et cet aspect passera forcément par un peu plus de financements.


Lieu

Le Cercle Rouge

Benjamin Walter