Clémence Renoux, directrice programmatrice au cinéma Le Cigalon dans le 84 : « Faire du cinéma un lieu de vie »

L’association Basilic Diffusion a été créée en 2012 par des habitants de Cucuron, petit village de 1800 habitants dans le Luberon, dans le but de reprendre le cinéma qui était en passe de fermer. Avec une double mission : faire du cinéma bien sûr, mais aussi en faire un lieu de vie et de culture pour tous types de publics.

Clémence Renoux, directrice programmatrice du cinéma, raconte les difficultés et les solutions trouvées !

En 2012, le cinéma Le Cigalon était en passe de fermer. Quelle étaient ses difficultés avant que Basilic diffusion ne le reprenne ?

Elles étaient diverses. Le cinéma n’était pas encore passé au numérique, ce qui engendrait une logistique lourde et était une contrainte pour la programmation. Et cela était renforcé par des problématiques financières rencontrées par la société exploitante, liées au territoire rural : dans un village de 1800 habitants, il peut être compliqué financièrement d’exploiter un cinéma sans subvention. C’est pourquoi nous l’avons repris, mais avec un statut associatif. Nous sommes aidés par les collectivités locales.

Pour l’éducation aux images et la jeunesse, quelles sont les problématiques spécifiques à votre territoire rural ?

La plus grosse problématique est celle de la mobilité : comme les transports existent peu entre les villages, il est souvent plus simple pour les jeunes de tous se retrouver à Aix-en-Provence plutôt que de venir à Cucuron ! Pour les dispositifs du CNC, ces difficultés de transports empêchent certaines écoles de venir à nos séances scolaires. Notre seconde problématique est l’exode des adolescents, lorsqu’ils partent faire leurs études dans des plus grandes villes. Enfin, avec un nombre d’habitants réduit mais assez mixte socialement (des jeunes ruraux peu favorisés, aux néo-ruraux retraités et CSP+), notre programmation doit aussi s’adapter pour attirer tous ces publics.

« Comme les transports existent peu entre les villages, il est souvent plus simple pour les jeunes de tous se retrouver à Aix-en-Provence plutôt que de venir à Cucuron ! »

Sur la problématique de mobilité, comment y avez-vous répondu ?

Notre réponse a été de lancer un cinéma itinérant en 2019. Son objectif est, entre autres, de pouvoir proposer le dispositif École et cinéma dans des petits villages, car beaucoup d’écoles n’y participaient pas pour cause d’absence de cinéma à distance de marche, et de budget pour du transport scolaire. Reste des problématiques, pour certaines, financières : il faut pouvoir payer la billetterie.

Et sur la problématique de l’exode des jeunes, comment y répondez-vous ?

Nous nous adaptons ! Par exemple, nous proposons des stages de cinéma deux fois par an, pendant les vacances – au moment où ils reviennent dans les villages. Ces stages sont gratuits, et une quinzaine de jeunes y participent. Cette année, nous allons aussi proposer début octobre un festival des métiers du cinéma : l’idée est de faire découvrir aux jeunes, notamment aux collégiens, les métiers de l’ombre du cinéma, comme les électriciens, les costumiers, etc. Pour rendre tout ça possible, nous essayons aussi de nous entourer. Par exemple, sur ce festival des métiers du cinéma, nous travaillons avec la mission locale qui nous aide à communiquer et va faire venir des jeunes. Nous essayons de mener des projets avec des structures culturelles locales.

Quels sont vos financements, notamment pour les projets d’éducation aux images ?

Nous compensons la non-rentabilité des actions par des subventions, et nous en avons plusieurs : Passeurs d’images, la Communauté de Communes COTELUB et le Département de Vaucluse pour les stages de cinéma et le festival des métiers du cinéma… Le label Espace de vie sociale de la CAF, qui a vocation à faire émerger des activités à finalités sociales et éducatives et que nous avons obtenu en 2019, est aussi un vrai appui financier.

Quels sont vos projets pour continuer à développer le cinéma et l’éducation aux images ?

Il existe un projet de création d’une nouvelle salle de cinéma à Cucuron. Ce serait un lieu moderne avec un hall d’accueil : je pense que cela pourrait contribuer à faire du cinéma un vrai lieu de vie, pour les grands comme les petits.


Lieu

Le Cigalon

Clémence Renoux