Emilie Allais, coordinatrice Passeurs d’Images en Provence-Alpes-Côte d’Azur : « Notre rôle de coordinateur est d’accompagner et de trouver des solutions pour permettre aux projets d’exister »

Emilie Allais est coordinatrice régionale du dispositif national Passeurs d'Images © Mathieu Parent
Emilie Allais est coordinatrice régionale du dispositif national Passeurs d'Images © Mathieu Parent

Emilie Allais, coordinatrice régionale du dispositif hors temps scolaire Passeurs d’Images et du Pôle régional d’éducation aux images, à l’Institut de l’image, à Aix-en-Provence, voit ce dispositif comme une occasion d’amener l’éducation aux images en dehors des grandes villes… Même si des freins subsistent.

Le dispositif Passeurs d’Images s’adresse aussi aux zones rurales. Peux-tu nous raconter son histoire ?

Le dispositif Passeurs d’Images, ex-Un été au ciné, est né en 1991, en Ile-de-France, avant de s’étendre aux autres régions. C’était une réponse politique suite à des émeutes qui avaient éclaté dans plusieurs quartiers de la banlieue parisienne : proposer des séances en plein-air et des ateliers dans les quartiers l’été, à destination des jeunes entre 15 et 25 ans. Mais petit à petit, le dispositif s’est ouvert à d’autres publics éloignés de la culture : les lieux fermés comme les hôpitaux et les prisons, puis les milieux ruraux. C’est donc un dispositif qui avait au départ une dimension uniquement sociale, mais qui a pris au fil du temps une dimension géographique.

« C’est un dispositif qui avait au départ une dimension uniquement sociale, mais qui a pris au fil du temps une dimension géographique. »

En 2024, observes-tu des zones blanches, des zones non couvertes par le dispositif ?

Certaines zones sont plus couvertes que d’autres. Dans les Bouches-du-Rhône, qui concentrent la majorité des projets, ce sont plutôt des projets urbains : Marseille bien sûr, mais aussi Arles, Martigues, Port de Bouc… Dans le Var, les deux projets ont lieu dans des lieux fermés – un centre éducatif fermé et un hôpital. Dans le Vaucluse, les projets prennent une dimension plutôt rurale. Enfin, les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes sont les deux départements les moins couverts.

Pourquoi ces disparités ?

Chaque projet doit mettre en lien une structure sociale, un-e artiste-intervenant-e et une salle de cinéma. Dans les villes, la densité de ces structures et des artistes intervenants fait qu’il est plus facile d’y conduire des projets. Parallèlement, les jeunes de 15 à 25 ans sont un public difficile à capter… Et c’est d’autant plus vrai dans les milieux ruraux : ils sont géographiquement disséminés, peu mobiles, et les structures qui pourraient les rassembler manquent.

Mais je pense qu’il y a aussi, dans ces zones reculées, une méconnaissance du dispositif Passeurs d’images. Malgré notre travail de repérage toute l’année, nous ne sommes pas assez identifiés par tous les acteurs du terrain. Or, un projet Passeurs d’Images part toujours du local : une structure sociale, culturelle ou un intervenant a envie de monter un projet sur un territoire qu’il connait, et nous l’accompagnons. Il faut donc que ces acteurs aient connaissance du dispositif !

Comment ces difficultés sont-elles contournées, ou comment pourraient-elles l’être ?

Globalement, à chaque fois que nous sommes sollicités par un acteur, même pour un projet dans des zones rurales ou reculées, nous parvenons à le faire vivre ; même si, parfois, le budget alloué au transport est important ! Quand le projet part d’une structure culturelle ou médico-sociale, la difficulté est souvent de trouver un-e artiste-intervenant-e prêt-e à intervenir dans ces zones. Mais sur toutes ces questions (trouver une structure sociale avec des jeunes, trouver un-e artiste, trouver un cinéma…) c’est notre rôle de coordinateur et nous trouvons des solutions.

Concernant la visibilité du dispositif, nous faisons tout notre possible. Si l’on avait une enveloppe plus importante à distribuer, nous aurions plus de projets et de fait, Passeurs d’Images serait plus visible… Je pense que les collectivités ont aussi un rôle à jouer. D’abord en soutenant financièrement le dispositif (ce qui est le cas de la DRAC et la Région), mais aussi par la communication. Dans notre région très touristique, nous les invitons à ne pas oublier ce travail social, le travail de terrain, qui est essentiel.


Lieu

Institut de l'Image

  • Cité du Livre, 8-10 rue des allumettes 13100 Aix-en-Provence
  • 04 42 26 81 82
  • Site internet

Emilie Allais