Rencontre annuelle du pôle 2015

L'INVENTION
L'INVENTION

L'INVENTION

Le vendredi 27 novembre à Nice, la rencontre annuelle du Pôle 2015 préparée par L’ECLAT, proposait comme point de départ, un verbe d’action « Inventer », repris par cette citation d’Orson Welles, qui ouvrit la profondeur de champ, « Celui qui invente des formes en art travaille toujours avec un rétroviseur devant les yeux » et celle d’André Malraux, l’initiateur du modèle français du cinéma : « L’histoire de l’art est celle des formes inventées contre les formes héritées ».

Est-il encore possible d’inventer de nouveaux modèles, lorsque la quête effrénée vers l’innovation ou la recherche constante de la performance reste l’objectif ultime des intérêts privés comme publics ?

L’ECLAT s’était intéressé à des initiatives originales, modestes ou audacieuses, et a invité certaines de ces personnalités et structures qui cherchent à créer du lien, de l’exaltation, de l’éveil, par l’art.

TABLE RONDE N°1

Des artistes franchissent les cadres et produisent de l’inattendu.

Le temps et l’espace sont deux conditions de la création artistiques et nécessitent un écart, celui de se placer en retrait du flux, infini, illusoire, et travailler la différence, la place de l’autre.
Préserver le temps et l’espace du regard, c’est penser le temps et l’espace de la fabrication et de la représentation, là où s’inventent des formes et des récits, dans un environnement où la vitesse transforme les pratiques et le regard sur les images.
Lors de ce temps fort de réflexion, nous avons justement pris le temps de penser les mutations techniques et esthétiques, d’interroger la rencontre entre faiseurs et apprenants à la lisière de leurs pratiques, et de nous plonger dans la création.
Voici des artistes qui adressent un écart et travaillent la place de l’autre, avec ingéniosité.

Fresh and Fading Rooms

Autour de Fresh and Fading Rooms de Diego Ortiz, nous avons évoqué les potentialités de cette nouvelle manière de raconter des histoires avec l’utilisation des écrans mobiles.
Ce dispositif interactif favorise l’émergence de situations de fiction déclenchées par le public : Frédéric Alemany, invité à réagir sur ce dispositif en lien avec sa propre démarche artistique et les missions du Hublot (Nice), a décortiqué la manière de se situer réellement entre une expérience intime et collective.
Que convoque la mobilité dans nos imaginaires, dans nos pratiques, dans nos récits ? Le numérique s’impose partout et nous nous retrouvons, tous, à faire usage d’un ensemble d’outils accessibles, puissants, re-définissant les limites entre l’intime et le publique, ouvrant de nouvelles possibilités de création et des espaces-temps de sociabilité inédits. C’est notre rapport aux autres, au monde et à nous-même qui s’en trouve changé.

Contexte technologique des écrans mobiles
Les écrans mobiles, hybridation du téléphone portable et des ordinateurs, ont su se rendre indispensables et peuplent aujourd’hui notre quotidien. La nouveauté de ces machines numériques font maintenant partie intégrante de l’ensemble technique numérique qui caractérise notre époque.
Les écrans mobiles présentent des spécificités techniques qui leur sont propres et qu’il convient d’explorer au-delà de leurs usages préconçus. Les champs du design et des pratiques artistiques de l’interactivité sont particulièrement propices à cette exploration.

« A l’aide des nombreux capteurs qu’ils embarquent, les écrans mobiles permettent d’interagir avec les médias qu’ils diffusent à travers leur manipulation : ils sont leur propre périphérique de contrôle. Il est aujourd’hui possible de produire des œuvres qui peuvent tirer partie des capacités des écrans mobiles tout en étant exécutables sur d’autres formes d’appareils. Une nouvelle forme de mobilité apparaît aujourd’hui : celle des œuvres interactives à travers la variété contemporaine des supports numériques. Il s’agit de conférer aux créations interactives une capacité à s’exécuter et à s’offrir à l’expérimentation du public sur différents appareils tout en s’adaptant à leurs particularités techniques. »
Diego Ortiz/Flux(o) – Mobilizing, 2015

L’art de s’égarer ou l’image du bonheur de Marie Losier et David Legrand – La galerie du cartable – Triennale de Vendôme 2015

David Legrand de La galerie du cartable (Bourges), a été interpellé sur le fantasme du cinéma, quand le cinéma contemporain re-devient un art forain.

Il faut revenir aux sources pour re-partir sur d’autres liens à entretenir avec l’autre : le personnage, l’équipe, le spectateur et faire oeuvre commune. A partir du spectacle cinématographique, quel rapport avec le public ont-il inventé ? Quel rapport avec la production ont-ils bouleversé ?

L’installation sous la forme d’un cinéma en kit (plateaux de tournage et salle obscure), L’art de s’égarer ou l’image du bonheur, conçue avec Marie Losier pendant la Triennale de Vendôme en 2015 absorbe la création en son entier, de la naissance d’une idée à la diffusion de la réalisation, en passant par des ateliers de pratique, le tournage, la post-production, la production… Elle se situe entre une fabrique de l’acteur excentrique et un atelier du figurant pour créer un bien commun, partir dans un imaginaire filmé sur un plateau de tournage avec de multiples trucages et réaliser en direct-live des scènes qui mélangent les formats, les personnages, les figures, les décors, les genres…, pour de surprenantes productions cinématographiques.
Cette œuvre est un bien commun qui permet aux habitants de s’immerger dans la création au travers du travail des artistes.

Installations cinématographiques d’Emmanuelle Nègre

Emmanuelle Nègre est revenue sur l’image manquante. Contrairement à une diffusion au cinéma, pour laquelle le point de vue est toujours fixe, ses installations prennent pleinement sens en fonction du déplacement du spectateur. Leur propre espace active l’espace filmique.

Est-ce une bonne nouvelle de Christian Barani

Christian Barani a détaillé son engagement passé, au sein du collectif Est-ce une bonne nouvelle ?, à montrer et remontrer des vidéos, médium démocratique, en suscitant le désir de voir. Le film d’artiste a trouvé des pistes de circulation directement en mise en relation avec public. La culture reste un moyen pour se rencontrer, en re-créant des espaces de rencontres, de débats, d’expression…
Cette expérience se perpétue aujourd’hui avec les nouveaux outils au sein de l’espace Khiasma (Les Lilas, 93).

TABLE RONDE N°2

Fabriquer du nouveau avec presque rien.
Le presque rien, c’est le faire, la matière. Se débrouiller, pour inventer de manière singulière…
Aujourd’hui, l’accès aux images est puissant, et tous produisent des images au quotidien.
Nous ne sommes plus spectateurs des images, nous sommes acteurs des images. L’éducation à l’image doit se mettre à jour.

Quels déplacement opérons-nous ? De quelle(s) façon(s) le public peut-il partager et produire de nouveaux imaginaires ?, de nouvelles images ? Qu’est-ce qui motive nos orientations nouvelles ?

Le Marathon du Film de Frédéric Lamasse et Séverine Préhembaud (Art Sept – Atelier Cinéma)

Le Marathon du Film (Vence) impulse la création cinématographique de là où l’on vit, du faire cinéma au montrer, en déclenchant des vocations en partant du vécu… ; et tout le monde, à l’échelle d’une ville, d’un département, d’une région, a été invité à faire.
Ce travail autour du local peut-il définir une nouvelle forme d’économie ? Comment garder une ouverture aux autres pour faire corps tous ensemble ?

Inédits : Films amateurs / Mémoire d’Europe par Laurent Trancy des Archives Audiovisuelles de Monaco

Laurent Trancy est invité à rebondir sur quelle ré-appropriation pour les images d’archives sur notre territoire ? Et comment l’on passe de l’intime à la mémoire collective au travers du film amateur ?

24 mensonges par seconde de Bruno Bouchard et Camille Girard

24 mensonges par seconde redonne corps au désir, à la création, à la rencontre, par la pratique à partir de la matière première du film, la pellicule,…
C’est un projet et une forme évolutifs. A ce jour quelle finalité est envisagée ?

La Boite de Katia Vonna Beltran

La Boite opère des décalages dans l’espace public, toujours en action… Quelle place de l’artiste et de l’art, l’association re-trouve-t-elle dans l’espace public ?

Le collectif ré-investit la culture du libre et invente un cinéma durable et solidaire par de nouvelles pratiques d’auto-fabrication et d’artisanats numériques. Leur manière d’être s’accorde à leur création, au faire avec les autres… La Boite occupe des espaces vacants, croise plusieurs champs disciplinaires et utilise des techniques participatives et les compétences de tous…

Comment garder une éthique de création jusqu’au-boutisme dans ce foisonnement d’images ?